un grand bain de nature guyanaise

Premier dimanche de juin. Comme à l’accoutumée l’association Konet Mo Peï de Javouhey organise la 11^ème édition du désormais traditionnel cross des marécages. La saison des pluies bat son plein et celle de 2006 tient toutes ses promesses. La course s’annonce sportive ! Pourtant en ce dimanche matin 4 juin, le temps est plutôt clément.

Les participants ont fait le déplacement en masse : plus de 80 personnes sur la ligne de départ. Un record ! Un autre record, le niveau de l’eau dans les marécages ! L’organisateur lors de son briefing d’avant départ annonce des trous d’eau à plus de 1m50 ! 1m50, c’est où ? Juste en dessous des narines pour certains, à peine aux épaules pour d’autres ! Le cross risque de vite se transformer en duathlon.

Allez peu importe, à 8h tout le monde part le sourire aux lèvres et la fleur derrière l’oreille. Un peu plus de 2,5 km de véritable course à pied sur une piste agricole, puis un chemin, le tout entre les cultures d’agrumes, de papayers et autres fruits et légumes des agriculteurs Hmongs que l’on retrouvera sur nos marchés. Pendant que certains partent aux champs – la nature ne connaît pas les week-end – d’autres partent aux marécages – la folie douce du coureur à pied ne connaît pas les week-end !

Comme prévu, la course part sur un rythme très rapide. A l’avant, Franco Raimondo (TAC) imprime son rythme préféré, celui de la samba. Un peu derrière, certains préfèrent le rythme plus chaloupé des danses carnavalesques. A l’assaut du premier marécage long d’environ 1 km, c’est finalement Patrick Druet (individuel) qui goûte le premier à la soupe aux moucou-moucou. Visiblement, il a beaucoup-beaucoup aimé. Il faut dire que ces plantes-là ne manquent pas de piquant ! En embuscade, on trouve F. Raimondo, J. Feith (individuel), J. Demenois (USLM), C. Robin (COSMA) et JR. Finkouart. A quelques encablures, le gros de la troupe suit.

La progression dans le marais se fait bon an mal an en combinant sauts de grenouilles, nage d’atipas, marche de caïmans et reptation d’anacondas. Tantôt accroché aux racines échasses des arbres, tantôt aux palmiers – mais surtout pas aux inhospitaliers moucou-moucou – l’avancée demande de la patience. L’organisateur avait prévenu : « le plus fatigant ce sera pour les tibias ». Effectivement, les tibias – aveugles dans cette eau trouble – se heurtent à tous les troncs et branches. Suivant obstinément le balisage blanc et rouge, nous fendons l’eau noire du marécage, poursuivis par le souffle conquérant du participant collé à nos baskets tel un caïman. Forcément ça motive ! Pourtant certains auront du mal à y croire jusqu’au bout du marécage à cette histoire de caïman à dormir debout. Ils auraient bien voulu jeter l’éponge - histoire de l’assécher ce marécage. Ils se rendront finalement à l’évidence que la nature est plus forte qu’eux et que la seule issue c’est de continuer… Près de 20 minutes après, les premiers retrouveront la terre, décidément pas ferme du tout.

La course à pied reprend donc au milieu des champs. Sur notre droite, on aperçoit les silhouettes si élégantes - vues de loin - des palmiers bâches prenant leur bain matinal dans le marécage que l’on vient de traverser. Les jambes sont lourdes et les bras engourdis. Un rayon de soleil vient nous réchauffer avant que l’on replonge pour quelques centaines de mètres dans le second marécage. Encore un petit effort pour se hisser sur les troncs puis sur la berge. Le village de Javouhey est désormais tout proche. Rapidement nous retrouvons le bitume sous nos pieds et sillonnons au milieu des maisons. Au loin, nous entendons le tintement des boules de pétanque des joueurs de Javouhey : l’arrivée n’est plus très loin.

Souillés de débris végétaux et autres souvenirs organiques, nous passons un à un la ligne d’arrivée, content de l’avoir fait.

En le classement dans tout ça ? Patrick Druet (44’55’’) ramène le plus beau filet garni et grille la politesse à Franco Raimondo (45’35’’). Décidément, après sa victoire au Biathlon Amazonien, ce jeune homme se fait vite à la Guyane. Clément Robin s’offre la 3^ème place en (46’35’’). Côté femmes, Danielle Donnio visiblement comme un poisson dans l’eau dans ce milieu l’emporte encore (55’17’’).

L’USL Montjoly, maigrement représenté, prouve quand même qu’au-delà du tartan il y a de l’espoir. Anne Heurtaux finit 6^ème féminine en 1h01’05’’ et Julien Demenois fait de même chez les hommes en 48’47’’.

Le cross des marécages plus qu’une course c’est surtout une ambiance unique à vivre au moins une fois. Après, c’est comme le bouillon d’awara : ceux qui ont aimé y reviennent toujours !